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L'équitation librement consentie

Construire et pratiquer une relation forte et équilibrée avec les chevaux, à la fois intuitive et comportementale


« - Que signifie communiquer ? demanda le Petit Prince.
- C'est une chose trop souvent oubliée, ça signifie créer des liens » répondit le renard » (A. de Saint-Exupéry)


"L'équitation librement consentie" se situe au-delà de l'équitation - classique ou éthologique - et de l'équi-thérapie.


C'est créer une véritable relation durable d'écoute et de présence active avec le cheval aussi bien à pieds et en liberté, que monté sans mors, en faisant tomber nos masques, pour communiquer avec le langage du coeur : celui qui parle à partir de ce qui est vivant en nous.


Par leurs comportements, les chevaux nous révèlent notre congruence (cohérence entre nos ressentis profonds, nos pensées et nos actes) ou notre incongruence (incohérence née du refoulement de nos ressentis, souvent par convenance et sur-adaptation à notre entourage personnel et professionnel tant que nous n'avons pas édifié notre intégrité).


Pourquoi le font-ils ? Parce qu'ils comptent sur notre authenticité : leurs comportements et réactions sont toujours en réponse directe avec ce qu'ils perçoivent et ils attendent la même chose de nous. Pour quelle raison ? Parce qu'elle nous confère la clarté : dans nos demandes conscientes bien sûr, mais aussi dans tout ce que nous "disons" malgré nous, inconsciemment (le large champ du non-verbal, 93 % de notre communication, versus 100 % chez les animaux non humains).


Pourquoi est-ce si important pour eux ? Parce que le cheval est une proie qui a choisi de vivre en groupe pour répondre à la pression de la prédation. La vie de tous dépend de la clarté d'une information exprimée par un individu : fuite immédiate ou pas ? Rester en vie dépend de l'évidence dans la communication à la nano seconde, avec l'enjeu majeur de ne pas gaspiller l'énergie acquise pendant les 16h d'alimentation quotidienne -les chevaux sont concrètement écolos au quotidien ! Notre exactitude est donc le gage de leur sérénité : "je te reconnais capable de m'informer sur notre environnement, tout comme je le fais pour toi". Si ça c'est pas un collectif qui fonctionne !!! Les chevaux sont des maîtres hors pair dans ce vaste domaine, mais ça fera l'objet d'un autre post.


La difficulté est de notre coté : il nous faut apprendre à comprendre les questions ou informations que les chevaux nous transmettent, et non projeter nos ressentis inconscients. Et comprendre s'entend ici dans le sens étymologique "faire entrer, contenir en soi". Par le simple fait de faire remonter à la surface nos émotions/ressentis/désirs réprimés/peurs, de les regarder en face pour les exprimer afin de les accepter, nous traduisons cette congruence. C'est la base absolue, la seule véritablement importante, d'une relation sereine car sécurisée, tant chez l'humain que le cheval. Chacun peut alors mettre ses ressources au service d'une relation vivante, c'est-à-dire en constante adaptation à ce qui se présente, dans ce binôme alors librement formé -et non subi par au moins l'un des deux.


S'ouvrir à la relation avec le cheval pour le comprendre implique de quitter nos modes de fonctionnement humains, nos croyances, nos habitudes, pour plonger dans "Le Monde selon les Chevaux" : un monde de ressentis, de grande sensibilité à tout ce avec quoi ils sont en lien, d'intuition, d'émotions qui animent ... notre part animale, celle qui donne du sens à nos actions, et qui contribue à faire des choix avec confiance.


Nous ne pouvons communiquer avec le cheval qu'à partir de ce que nous avons en commun. Par une observation participante, nous nous immergeons dans une culture à la fois semblable et tellement inconnue, visant la compréhension de l'animal cheval dans le partage d'activités communes. C'est notre exploration depuis 14 ans en Terre d'illich et c'est ce que nous vous proposons.


Comment ? Par l'exploration de deux dimensions complémentaires : le langage corporel, constitutif de l'à propos comportemental qui donne confiance, et les ressentis, informations essentielles sans lesquelles le savoir-faire est dépourvu de la subtilité requise par la sensibilité des chevaux.


La première permet d'établir la confiance en soi et dans notre corps par la maîtrise des gestes. Grâce à cette maîtrise, on peut aller à la rencontre de nos ressentis profonds et cachés et les exprimer avec plus de confiance. La seconde permet de se reconnecter à ce que je ressens vraiment, ce que ressent le cheval, pour quitter "le Résultat à tout prix" et "devenir animal" : la relation est alors immédiate, profondément ajustée et sereine.


C'est notamment ici que s'illustre le mieux la différence de notre intention par rapport à celle du circuit fédéral : son but est l'équitation, éthologique ou pas, ou encore le spectacle équestre. Et tout comme en équithérapie, le cheval y est instrumentalisé au service du but. Le constat de la différence de direction explique à lui seul la divergence du chemin proposé.

En équitation éthologique par exemple, lors d'une difficulté dans la pratique, c'est seulement le cheval qui sera travaillé en vue de la dépasser. Dans notre approche basée sur la relation, étant entendu qu'une relation est l'ensemble des rapports et des liens existants entre les êtres qui se fréquentent, nous considérons que la difficulté est co-créée. De ce fait, assumer la responsabilité du rôle de meneur d'activités que nous prétendons remplir est, par exemple, prendre conscience de notre façon de percevoir la difficulté : à quoi nous renvoit-elle dans notre système de croyances ? S'affranchir de notre certitude, souvent limitante, contribue considérablement à la résolution de la situation. Plus besoin dans ce cas d'user de moyens psychologiquement ou physiquement contraignants pour le cheval et l'humain.


Rencontrer le cheval, c'est aussi rencontrer nos ressentis, qui aboutissent à une finesse de dialogue avec le cheval. Sachant que le sens du toucher est extrêmement développé chez lui (par exemple, sa sensibilité au niveau du garrot est nettement plus importante que celle du bout de nos doigts), il est plus que temps en 2020 de l'utiliser comme canal de communication corporel sensible (définition Larousse : qui est, qui peut être perçu par les sens ; apte à éprouver des perceptions, des sensations), sans avoir besoin d'aides artificielles (éperons par exemple) ou même de forcer sur les aides dites naturelles (notre corps).


La posture dans laquelle nous vous accompagnons, en tapis de monte à cru sans étriers, vous aide à découvrir puis développer votre autonomie et votre stabilité corporelle et émotionnelle en apprenant à accompagner les mouvements du cheval -et non les contrôler. Car comment prétendre à une pratique librement consentie si l'un -ou les deux- restent dans le contrôle du corps et/ou des émotions, les deux allant de pair ? Apprendre à sentir notre corps puis à l'utiliser selon les besoins du mouvement de l'instant permet d'abord de ne pas gêner le cheval dans son fonctionnement naturel -pour ceux qui se demandent si le cheval peut prendre plaisir à être monté, c'est LA base- puis petit à petit, d'apprendre à favoriser le mouvement ou l'attitude recherchés.


Aligné dans le corps et les émotions, centré et animé dans le mouvement, stable, léger bien que tonique sont les principaux bénéfices de cette posture qui procure quiétude et plaisir autant pour le cheval que l'humain.


Rencontrer nos ressentis conduit à s'ouvrir à notre intuition. Passer de ce que l'on pense du cheval (nos projections) à ce que l'on sent de lui (notre intuition) éclaire sur les forces en présence, tout en nous permettant de différencier nos conditionnements d'avec ce qui se passe véritablement. Le cheval attend de nous que nous répondions au présent, en utilisant toutes nos ressources disponibles, pas à ce que nous pensions à ce qui va se passer (un futur proche certes, mais complètement hypothétique … un possible parmi des milliers -des milliards ?- de possibles).


Nous sommes peu nombreux à avoir conservé intacte cette ressource de notre enfance tant l'école nous a entraînés à sur-développer l'intelligence rationnelle (réfléchir à la situation pour pouvoir agir à bon escient, en faisant appel à la logique, à l'analyse et à la synthèse cérébrale, au besoin de conceptualiser, de démontrer et d'expliquer par la théorie des choses) ... et j'en sais quelque chose !


L'intelligence instinctuelle est un savoir qui défie la logique : je me confronte d'abord aux réalités du terrain pour saisir et percevoir la réalité à partir de mes sens, et m'adapter de façon pratique et utile aux situations présentes. La force de l'intuition, c'est sa pertinence et sa rapidité en terme de précision en situations d'imprévus et/ou d'incertitude. C'est puiser dans sa créativité en matière de solutions possibles et pertinentes. Pour l'acquérir, il faut oser perdre parfois l'équilibre -qui ne signifie pas tomber justement !- pour expérimenter les frissons qui accompagnent cette capacité.


S'initier à accompagner les variations comportementales du cheval, qui lui est relié à la Vie, est l'une des caractéristiques de "L'Equitation Librement Consentie". Le mental est bien trop limité pour cela. L'intuition est une ressource majeure à développer en soi pour pouvoir accompagner ces variations -corporellement mais aussi et surtout émotionnellement- et rester acteur au lieu de subir et son corollaire : le besoin de contrôler, avec un mors par exemple.


Question imprévus et incertitude, on est plutôt bien servi avec le cheval, surtout s'il a conservé le droit de dire « non » comme c'est le cas à Terre d'illich. Toutefois, même avec un cheval qui sait qu'il sera puni s'il utilise ce droit, nous sommes soumis à l'incertitude car il s'engouffrera dans chaque faille de notre « contrôle » qui par définition ne peut être absolu … n'en déplaise à notre mental qui s'échine à y parvenir -en vain- en utilisant des outils tous plus maltraitants les uns que les autres.


Précision importante : quand votre « non » est accueilli comme une info concernant une demande, et non un affront personnel de remise en question d'un pouvoir unilatéralement décidé, vous le dites sereinement, sans passer par la case agressivité, le mode défensif le plus utilisé quand on choisit de ne pas fuir -ou qu'on ne le peut pas- … Plus besoin de virer le prédateur de votre dos ou de le mordre pour être entendu ! Le comble pour un animal aussi pacifique et dans la relation qu'est le cheval.


L'éthique animale*, au travers notamment d'une de nos valeurs fondatrices, le non-spécisme, est au coeur de notre approche. C'est pourquoi nous veillons en permanence à ce que le cheval, et plus particulièrement le cheval dit d'école ou d'enseignement, conserve son intégrité physique et psycho-émotionnelle, et donc sa dignité dans cette pratique destinée à nous élever vers notre humanité


Apprendre à repérer les signaux de nos peurs/illusions et ceux de l'intuition conduit à établir cette relation librement consentie : elle apparaît alors au grand jour, sans masque ni artifice. On ne peut s'illusionner : le cheval est avec nous avec un "oui" franc et massif si nous sommes pleinement en nous-mêmes.


​"L'équitation librement consentie" est un voyage initiatique, une "aventure vers l'intérieur", grâce à la relation avec le cheval : il est ici un passeur entre l'inconscient (qui dirige 90 % de nos comportements) et la conscience ...


... pour rétablir l'équilibre entre mental et intuition ...


... avec pour résultat le développement d'une compétence permettant de chevaucher la vie en toutes occasions : la "réponse-habileté" !



* L'éthique animale peut être définie comme l'étude du statut moral des animaux ou, pour le dire autrement, l'étude de la responsabilité morale des hommes à l'égard des animaux, pris individuellement. Elle pose les questions classiques des devoirs de l’homme envers les animaux, des éventuels droits des animaux et, plus généralement, des jugements moraux (c’est-à-dire ceux formulés en termes de bien ou de mal) à porter sur notre traitement actuel des animaux.


Martine

Juin 2020

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